"La
dernière veine"...
23 avril 2004:
une semaine de commémoration sur le site du carreau de « La
Houve » à Creutzwald en Lorraine, à l'occasion de la fermeture
définitive du dernier puits de mine de charbon Français.
Ici l'exploitation remonte à 1889
et jusqu'à 2000 hommes y travaillèrent ensemble.
Une tonne de charbon Lorrain coûtant environ 10 fois plus chère que
son équivalent d’importation, la mort annoncée de cette gigantesque
entreprise institutionnelle que sont les Houillères du Bassin de
Lorraine était inéluctable.
C’est toute une région qui doit poursuivre sa reconversion économique.
En effet, mère nourricière de milliers de personnes depuis des
générations, “la mine” avait
entre autre, son propre système de couverture sociale, fournissait des
logements, des cadeaux de Noël pour les enfants, etc; c’est à dire
bien plus qu’un simple travail. Même en y étant préparé et bien
encadré, se retrouver débarqué d’un pareil engrenage professionnel et
social n’est pas une sinécure.
Pour certains mineurs de fond, la page devait être tournée sur un
métier trop pénible, alors que pour d’autres persiste un sentiment
d’amertume de ne pouvoir transmettre le savoir aux descendants, bien
souvent prêts à continuer...
Voici des lieux représentatifs et emblématiques chargés d’histoire, de
vécu, de sueur, de douleur, et de solidarité, amenés à devenir une
sorte de “no man’s job”...
Sites
accessibles pour l’occasion au visiteur, qui avait la gorge nouée ou
l’œil émerveillé sans pouvoir forcément s’imaginer quelle était
l’effervescence dans ce monde où la demie mesure n’existait pas.
Plus
de 32000 visiteurs de toute l'Europe sont passés sur le carreau, pour
voir ces installations dont le gigantisme leur rappela peut être le
parc d’attraction de leurs vacances.
Comble du grand frisson organisé : une descente à – 500 mètres où l’on
pouvait croiser pour l’occasion quelques gueules noires avec leur
équipement, heureux d’expliquer ce qu'était "le fond".
Les lorrains ne s’y trompèrent pas, et bien que fiers de montrer au
grand public un savoir faire qui fît la réputation mondiale de la
Lorraine, c’était plutôt avec la larme à l’œil que l’autochtone
déambulait dans les lieux.
D’ici quelques mois, plus personne, rien que des “carreaux” cassés...